Galerie Amavero art et poésie

achéron

Jon David

émoussée la lame de l’espri
ne tranche plus assez
les mots me manquent
pour boucler ma pensée
blindé mon cœur
ne laisse plus rien traverser

de tout son passé
le temps me pèse
comme une marmite en fonte 
prête à imploser 
mais qui se contente de fuir  
lâchant de lamentables pschits

heureusement la nuit
débarquent les rêves
trafiquants d’espace et d’horloge
le songe est quantique
on peut vivre ici et là-bas
en même temps
être soi et un autre 
et s’engueuler tous les deux
voler très haut tomber très bas 
tout le monde fait ça
se retrouver tout nu dans la rue
courir poursuivi par un meurtrier
dont le coup de poignard fatal
vous ramène en sursaut à la vie

et puis aussi 
dire des choses bizarres
aimer de manière doucereuse
sourire peut-être
mais pas plus

car n'ayant jamais ri dans mes veilles
j’ai peur que le rire du sommeil 
soit l'ultime son
traversant l’achéron


Texte de Luc Fayard illustré par l'oeuvre de Jon Davis (techniques mixtes) 

Aucun commentaire

Enregistrer un commentaire

Contact Me

Nom

E-mail

Message